Les Ségalas – Des paysages quotidiens
Les paysages des Ségalas s’implantent directement sur les terrains anciens du Massif Central, socle géologique de l’Aveyron.
Par leurs larges étendues, leur situation centrale et leur population nombreuse, ils sont le ciment qui lie l’ensemble des paysages du département.
Le rapport entre les plateaux et les vallées introduit deux échelles de lecture différentes:
Depuis les routes sur les dorsales, on a une perception de continuité des plateaux. La couverture végétale faite d’un bocage ouvert rajoute à la lecture ample, voire monotone du paysage. Avec le recul, les effets de la perspective font oublier la présence des gorges.
Depuis les vallées boisées et encaissées le paysage apparaît fragmenté. La lecture transversale d’une vallée à une autre se fait par une série de montées et de descentes par des routes sinueuses (on a coutume de dire que le trajet se compte en heures et non en kilomètres). L’impression laissée est celle d’un pays boisé, fermé, voire “sauvage”, à la fois angoissant l’hiver et refuge frais au coeur de l’été.
La répartition dichotomique du paysage entre plateau et vallée s’accompagne souvent d’un antagonisme entre utilisation et perception.
- les plateaux, habités, à la fonction économique certaine, sont quelquefois perçus comme peu attractifs.
- les vallées constituent des refuges patrimoniaux tant au niveau culturel, châteaux et sites tels que Conques, Belcastel, … que naturel (ZNIEFF traduisant notamment la présence de grands rapaces). Il en résulte une certaine attractivité touristique mais peu de pratique quotidienne.
Les genêts
Les genêts, doucement balancés par la brise,
Sur les vastes plateaux font une houle d’or ;
Et tandis que le pâtre à leur ombre s’endort,
Son troupeau va broutant cette fleur qui le grise ;
Cette fleur qui le fait bêler d’amour, le soir,
Quand il roule du haut des monts vers les étables,
Et qu’il croise en chemin les grands bœufs vénérables
Dont les doux beuglements appellent l’abreuvoir ;
Cette fleur toute d’or, de lumière et de soie,
En papillons posée au bout des brins menus,
Et dont les lourds parfums semblent être venus
De la plage lointaine où le soleil se noie…
Certes, j’aime les prés où chantent les grillons,
Et la vigne pendue au flanc de la colline,
Et les champs de bleuets sur qui le blé s‘incline,
Comme sur des yeux bleus tombent des cheveux blonds.
Mais je préfère aux prés fleuris, aux grasses plaines,
Aux coteaux où la vigne étend ses pampres verts,
Les sauvages sommets de genêts recouverts,
Qui font au vent d’été de si fauves haleines.[…] François Fabié, ‘Le Clocher’.
Appris par des générations de petits aveyronnais, ce poême de François Fabié évoque le Ségala d’avant la révolution agricole. Les genêts en fleur témoignent d’un paysage de landes aujourd’hui disparu.
Le bassin houiller constitue un cas particulier où les vestiges d’un paysage minier et les friches industrielles s’accompagnent d’une auréole de petites exploitations en déprise qui tranchent au milieu du paysage agricole conquérant du Ségala.
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