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Paysages de terrasses

Un terroir non exploité en état de dégradation

Formation de ce paysage : savoir faire, irrigation, épierrage, cultures

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Dans de nombreuses zones à forte pente, où il était impossible de cultiver de façon classique, les hommes ont peu à peu façonné un paysage singulier. Des versants entiers de vallées, travaillés en terrasses, prennent ainsi un aspect monumental, conférant une allure grandiose au paysage. Les paysages de terrasses révèlent avant tout un grand savoir faire. Résultantes d’un travail opiniâtre, elles sont aujourd’hui délaissées.

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La culture sur terrasses était avant tout vivrière, terre de petites exploitations agricoles où les parcelles étroites n’ont pas laissé de place à la mécanisation. Certaines étaient cependant dédiées à la culture de la vigne ou de fruitiers, dégageant une production assez importante pour être vendue.

Il aura fallu un lent travail d’épierrage, de façonnage des murets et du réseau d’escaliers, d’irrigation, de drainage et de récupération de l’eau pour parvenir à rendre fertiles ces terres inaccessibles et incultes.

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Évolution des pratiques agricoles, et du mode de vie entraînant l’abandon des terrasses

L’évolution des pratiques agricoles, notamment la mécanisation, a rendu la culture en terrasses obsolète. L’inaccessibilité aux engins et la difficulté du travail sur ces terres ont renforcé leur abandon. Cela étant accentué par la politique agricole qui s’est orientée vers la monoculture alors que ces terroirs étaient destinés à une polyculture vivrière. Le déclin des terrasses de vignes a, quant à lui, été précipité par les ravages du Phylloxera.

Entre éboulis et affleurements rocheux des générations d'agriculteurs-maçons se sont efforcés à "créer de la terre" là où il n’y en a pas.
Entre éboulis et affleurements rocheux des générations d’agriculteurs-maçons se sont efforcés à « créer de la terre » là où il n’y en a pas.

Ainsi, le paysage de terrasses, malgré la reconnaissance iconographique dont il est l’objet, se dégrade faute d’entretien. Il s’agit en effet d’un paysage fragile nécessitant un entretien poussé, une attention et un suivi constants.

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Faute d’entretien les murs de soutènements et les cabanons s’effondrent. La friche gagne du terrain recouvrant ces aménagements et rendant les coteaux quelconques.

Reconnaissance iconographique, lecture…

Malgré cet état de délabrement, les paysages de terrasses conservent une identité très forte et une reconnaissance dans la mémoire collective. C’est sans doute les notions de tâche laborieuse, de terroirs reconnus et de cultures de qualité qui s’imposent en premier, conférant une image fascinante à ces paysages. Image d’ailleurs fortement utilisée à des fins touristiques ou commerciales.

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A proximité du village, les terrasses (en petites parcelles) étaient destinées aux cultures vivrières. Bâti et parcelles cultivées s'adaptent à la pente.
A proximité du village, les terrasses (en petites parcelles) étaient destinées aux cultures vivrières.
Bâti et parcelles cultivées s’adaptent à la pente.

Mais au-delà de l’imaginaire, les paysages de terrasses sont remarquables car ils permettent une facilité dans la lecture des paysages : mettant en scène les versants de vallée sous forme de gradins. Les murs de soutènement soulignent les courbes de niveaux, les cadrages de vues sont posés, dessinés, l’échelle du site est définie.

Enfin, ces paysages sont à échelle humaine par leur héritage patrimonial et par la taille des parcelles : cela en fait des paysages accessibles et compréhensibles.

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2 commentaires

  1. Les cultures en terrasses ne sont pas du passé,encore pratiquées en France,elles pourraient redevenir d’actualité,c’est ce que je tente d’effectuer,en apporatnt une variante.
    L’aménagement des murs de soutien est un travail long,délicat,demande de l’entretien et beaucoup de main-d’oeuvre Ces murets peuvent être remplacés par un grillage résistant,et le bord de la terrasse sera planté avec des yuccas,le système racinaire trés puissant maintiendra la terre par la suite.Ces plantations de yuccas sont pratiquées au Mexique pour des cultures de vignes en terrasses ou encore pour les talus en bord de route.
    Je souhaite développer une culture expérimentale,démonstrative et incitative,aussi j’ai tenté depuis 36ans d’y intéresser la Région Occitanie,sans succés.Mon dossier présenté au Budget participatif climat vient d’être refusé pour la 7ème fois par cette Région,sans motif.Seul sans soutien privé ou public,je ne pourrais que poursuivre ma culture,en cours de réalisation,dans le Gers
    Plantation de yucca,adapté au changement climatique,évitant l’érosion,dépolluant des sols contaminés en métaux lourds,hydrocarbures,etc…dans un cadre d’agroforesterie,permaculture,etc….cela ne restera qu’un rêve…

  2. excellent point de vue!
    dans les Pyrénées orientales avons des terrasses ayant parfois 6 mètres de haut ,ce qui nous emmène forcement à des réflexions de ce même type, au vue de l’évolution climatique.
    partageons le même souhait afin de préserver un patrimoine essentiel à notre survie si nécessaire.

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