Les RougiersRougier de Marcillac

Marcillac : un vallon privilégié

Caractéristiques du Rougier de Marcillac.

Un paysage « jardiné »

Sa situation climatique privilégiée, favorable à la vigne et aux fruits, et sa proximité avec Rodez ont très tôt attiré les religieux (évêque de Rodez, moines de Conques), les nobles, puis la bourgeoisie ruthénoise. Le vallon s’est ainsi transformé peu à peu en « jardin de Rodez ».

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Le territoire des vallons est extrêmement habité, les domaines agricoles sont dispersés au gré de la pente créant un fort mitage.
La bastide de Villecomtal
La bastide de Villecomtal

Les domaines, essentiellement viticoles, de ces gros possédants extérieurs cohabitent avec de petites exploitations de polyculture. Celles-ci se situent principalement dans le secteur des collines périphériques et pratiquent l’élevage de vaches laitières, la culture de maïs, ainsi que la production de pommes, de châtaignes ou de raisin.
La polyculture a favorisé l’installation des bourgs en fond de vallée associés à un maillage dense de hameaux agricoles.
Les plus importants de ces bourgs, tels Marcillac, Villecomtal ou Clairvaux, possèdent un centre ancien dense témoin d’une riche vie urbaine passée. Ces lieux d’échange, où l’activité économique a influencé la forme urbaine en créant notamment les lieux de foires ou de marchés, ont favorisé l’apparition d’une nouvelle classe sociale : la bourgeoisie.

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Des bâtisses monumentales aux façades ordonnées témoignent de l’implantation d’une classe bourgeoise sur ce territoire. Elles possèdent des volumes imposants et dominent le paysage par leur situation en hauteur.

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Une architecture adaptée aux usages

Cette diversité sociale s’exprime dans l’architecture du vallon (le fil conducteur étant le matériau rouge issu du lieu) :

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Coupe : Architecture et usage dans le vallon de Marcillac
  • Un bâti cossu, manoirs des gros propriétaires, mariant bel appareillage de grès rouge, toits pentus en ardoise, et volumes imposants témoignent du riche passé du vallon.
  • Un bâti ordinaire structure le réseau urbain du vallon. Les modèles sont construits en lien avec la production locale : vigne, fruitier ou élevage. Les activités s’établissent au rez-de-chaussée tandis que l’habitation occupe l’étage.
  • La multitude de cabanes de vigne souvent incluses dans les terrasses, illustre l’adaptation d’un bâti à la pente.
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bâti cossu, manoirs des gros propriétaires
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De nombreuses portes ajourées de cave ponctuent les ruelles des villages, marquant le lien étroit entre le bâti et son paysage.
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Les grangettes isolées permettent d’abriter hommes, bêtes de somme et leur ravitaillement le temps des travaux sur les parcelles les plus éloignées.

 

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La présence des sécadous indique l’exploitation passée de la châtaigneraie.
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Le développement des traitements de la vigne après le phylloxera multiplie les cabanes captant l’eau et abritant le matériel.

Les versants viticoles du Causse Comtal présentent même une architecture spécifique, utilisant plus souvent le calcaire comme matériau de base.

Plus anciens, les villages médiévaux en vigie à flanc de causse symbolisent les luttes de pouvoirs seigneuriaux.

Village de Panat
Village de Panat

Échanges

Souvent changés, les itinéraires d’accès depuis Rodez ont toujours été nombreux et importants. Au XIXème siècle, l’émergence de Decazeville apporte une influence industrielle par l’ouest par l’établissement de la ligne de chemin de fer Rodez-Paris et le renforcement de la RN 140. Le vallon a alors fourni en vin les mineurs du bassin.

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Carte de Cassini (vers 1800) : occupation de la vigne dans le Rougier de Marcillac

L’abandon du vallon

Le XXème siècle a vu la viticulture traverser de nombreuses crises : phylloxera, exode rural, gel de 1956, perte du débouché économique du bassin houiller. La vigne semblait alors laisser définitivement la place à la friche, conduisant à l’abandon des terrasses et à la fermeture progressive du paysage.

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Une parcelle de terrasses exploitée bien isolée au milieu d’un enfrichement omniprésent : cette culture non mécanisable a subi un abandon temporaire avant de connaître un renouveau.

3 commentaires

  1. Pourquoi ne pas avoir abordé la viticulture en terrasses et en faire une unité paysagère à part entière ?
    Jean-François François Blanc
    Géographe
    Membre de l’alliance mondiale pour les paysages de terrasses
    ITLA (international terraced landscape alliance)
    je travaille sur les vignobles en terrasses de FRANCE : de l’obsolescence à la reconquête!
    Je collabore avec la chambre d’agriculture de l’Aveyron et la communauté de communes autour ,d’Espalion sur un projet « terrasses « 

    1. Le travail présenté dans ce site analyse les paysages à l’échelle des entités paysagères, donc de grands ensembles paysagers et de leur fonctionnement.
      Une déclinaison à l’échelle des unités paysagères est en cours, en partenariat avec le PETR Centre Ouest Aveyron. Une typologie paysagère des corniches et vallées du Causse Comtal y sera décrite.

      Le CAUE est également partenaire de la communauté de communes Comtal Lot Truyère pour son projet « paysages de terrasses ».

  2. Vous avez raison Monsieur BLANC. Je connais également un autre paysage; Vieillevie qui avait beaucoup de vigne au début du siècle. Aujourd’hui il faudrait pouvoir refaire émerger cette tradition locale de l’époque.

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